Textes traduits niveau 1


 
 
 

Textes du niveau 1 :

1. Une situation gênante (Christophe Lemarchand)
2. Un nouveau bonheur ? (Jean Carrera)
3. Sur l'île (Amin Maalouf)
4. Qui sont nos voisins ? (Béatrice Durand)
5. Vivre dans la pauvreté
6. Un café à Vienne


 
 

1. Une situation gênante

     

Cet été-là, le mois de juillet était en Hesse particulièrement chaud et les piscines découvertes connaissaient une forte affluence. Avec les deux fils de ma famille d'accueil, Rainer et Ekkehard, je faisais patiemment la queue devant le guichet. Devant nous se tenait une jeune femme aves ses trois enfants ; l'aîné ne devait pas avoir plus de six ou sept ans. Lorsque ce fut son tour, elle chercha d'un geste nerveux dans un porte-monnaie fatigué les deux marks cinquante nécessaires pour payer les billets d'entrée, mais ne put rassembler que deux marks et plongea sa main droite dans sa poche ; celle-ci était vide. Elle s'adressa alors à l'homme du guichet : « Je vous apporterai les cinquante pfennigs tout à l'heure », dit-elle à voix basse. « Ce n'est pas possible », répliqua-t-il d'un ton neutre.
     
Stupéfaite, elle ne savait que faire. C'est alors que l'homme qui était derrière nous s'avança et lui dit, en ramassant une pièce d'un mark : « Vous avez fait tomber cette pièce, madame. » Elle le vit lui tendre la pièce qui la sauvait d'une situation gênante. « Merci beaucoup », murmura-t-elle dans un souffle. L'homme reprit sa place derrière nous. L'Allemagne, ce pays si riche, avait aussi des gens qui étaient dans la gêne, et d'autres dont la générosité simple et naturelle pouvait faire des miracles.


Christophe Lemarchand
Histoires d'Outre-Rhin

 


1. Eine peinliche Situation

 
    In jenem Sommer war der Juli in Hessen besonders heiß und die Freibäder hatten großen Zulauf. Mit den beiden Söhnen meiner Gastfamilie, Rainer und Ekkehard,  stand ich geduldig vor dem Schalter an. Vor uns stand eine junge Frau mit ihren drei Kindern; das älteste war wohl höchstens sechs oder sieben Jahre alt. Als sie an der Reihe war, kramte sie nervös in einem abgenutzten Geldbeutel herum, um die zwei Mark fünfzig zu finden, die nötig waren, um die Eintrittskarten zu bezahlen, konnte aber nur zwei Mark zusammenbringen und griff mit der rechten Hand in die Tasche; diese war aber leer. Da wandte sie sich an den Mann am Schalter: „Ich bringe Ihnen die fünfzig Pfennig etwas später”, sagte sie leise. „Das geht leider nicht”, entgegnete er mit neutralem Ton.
    Fassungslos wusste sie nicht, was sie tun sollte. In diesem Augenblick trat der Mann, der hinter uns stand, an sie heran und sagte ihr, während er ein Einemarkstück vom Boden aufhob : „Sie haben dieses Geldstück fallen lassen, gnädige Frau.” Sie sah, wie er ihr das Geldstück reichte, das sie aus einer peinlichen Lage rettete. „Vielen Dank”, antwortete sie in einem schwachen Atemzug. Der Mann stellte sich wieder hinter uns. In Deutschland, diesem so reichen Land, waren auch Menschen in Geldnot, und da gab es auch andere, deren schlichte und natürliche Freigebigkeit Wunder wirken konnte.

 

 

2. Un nouveau bonheur ?


Il pleuvait depuis une demi-heure, mais cela lui importait peu. Si seulement elle venait, comme prévu ! Jean savait qu’elle avait un quart d’heure de retard : En face de lui, l’horloge (1) de l’église marquait déjà cinq heures et demie. « Je viendrai à la sortie du bureau », avait-elle dit en souriant, « nous aurons le temps de bavarder. » Jean s’était dit alors : « Et si le temps d’un nouveau bonheur était venu ? » Hélène avait beaucoup de qualités : elle était intelligente, courageuse, toujours de bonne humeur, et elle aimait beaucoup les enfants.
Est-ce que le petit Paul la considérerait comme une seconde maman ? Jean voulait l’espérer ; après tout, il n’avait que trois ans. Le temps était venu, pensait-il, de reconstruire une famille après les terribles années qu’il venait de passer. Il savait bien qu’Hélène pensait, comme lui, à autre chose qu’à bavarder : Il lui avait déjà raconté tant de choses… et elle n’avait pas refusé son baiser.
Un taxi s’arrêta devant le café, Hélène en descendit rapidement, car elle n’avait pas de parapluie. Jean s’avança vers elle, il avait un visage rayonnant (2) : Hélène n’était pas riche, si elle avait pris un taxi, c’est qu’elle considérait cette rencontre comme importante. « J’ai été retenue (3) au bureau par un client, » lui dit-elle aussitôt, en regardant ses yeux clairs…

Jean Carrera,
Neige d’été

 

Ein neues Glück?
 

Es regnete seit einer halben Stunde, das war ihm aber fast gleichgültig. Wenn sie nur käme, wie es vorgesehen war! Jean wusste, dass sie eine Viertelstunde Verspätung hatte: ihm gegenüber zeigte die Turmuhr der Kirche schon halb sechs. „Ich komme, sobald ich das Büro verlassen habe”, hatte sie ihm lächelnd gesagt, „wir werden Zeit zum Plaudern haben.” Jean hatte sich dann gesagt: „Und wenn die Zeit eines neuen Glücks gekommen wäre?” Hélève hatte viele Qualitäten: Sie war intelligent, mutig, immer guter Laune und liebte Kinder sehr.
Würde sie der kleine Paul als eine zweite Mutter betrachten? Jean wollte es hoffen. Schließlich war er erst drei Jahre alt. Die Zeit war gekommen, meinte er, nach den schrecklichen Jahren, die er gerade hinter sich hatte, eine Familie wiederaufzubauen. Er wusste wohl, dass Hélène, wie er, an etwas anderes dachte als an das Plaudern: Er hatte ihr schon so vieles erzählt… und sie hatte seinen Kuss nicht abgelehnt.
Ein Taxi hielt vor der Gaststätte an, Hélène stieg rasch aus, denn sie hatte keinen Regenschirm. Jean kam auf sie zu, er hatte ein strahlendes Gesicht: Hélène war nicht reich, wenn sie ein Taxi genommen hatte, dann hielt sie diese Begegnung für wichtig. „Ich wurde im Büro von einem Kunde aufgehalten”, sagte sie ihm gleich und sah dabei in seine hellen Augen…
 

 


3. Sur l’île

 
Arrivé sur l'île fin novembre, il écrivit à Hada une première lettre pour lui dire qu'elle lui manquait, qu'il en souffrait à chaque instant, qu'il ne pourrait pas vivre longtemps si éloigné d'elle, et qu'il était tenté de tout laisser tomber.
Dans une deuxième lettre, postée en février 1914, il se plaignait d'être continuellement malade ; à coup sûr, il ne passerait pas sa vie entière dans cette île ! Que son épouse ne soit pas surprise si, un jour, elle le voyait revenir !
Mais dans une troisième lettre, écrite en mai, il lui apprenait que le travail, finalement, ne lui déplaisait pas, qu'il s'entendait bien avec Gebrayel, et que celui-ci envisageait de lui confier des responsabilités, en lui doublant son salaire initial.
Dans la quatrième, il lui annonça sur un ton euphorique qu'il était devenu le bras droit de son beau-frère, lequel ne pouvait plus se passer de lui ; à présent, son choix était fait, il vivrait à Cuba pour toujours, et il était sur le point de louer un grand appartement au centre de la capitale, tout près des magasins La Verdad — installés à présent dans l'ancienne demeure du général Gomez.
 

Amin Maalouf,
Origines, Grasset & Fasquelle, 2004
 

 

Auf der Insel

 
Nachdem er Ende November auf der Insel angekommen war, schrieb er einen ersten Brief an Hada, um ihr zu sagen, dass er sie vermisse und immer wieder darunter leide; er könnte, meinte er, nicht lange so weit weg von ihr leben und fühle sich versucht, alles fallen zu lassen.
In einem zweiten Brief, den er im Februar 1914 eingeworfen hatte, klagte er darüber, dass er ständig krank sei; sein ganzes Leben werde er bestimmt nicht auf dieser Insel verbringen! Darum sollte sich seine Frau nicht wundern, wenn sie eines Tages feststellte, dass er zurückgekommen sei!
In einem dritten Brief aber, den er im Mai geschrieben hatte, teilte er ihr mit, dass die Arbeit ihm schließlich einigermaßen gefalle, dass er sich mit Gebrayel gut verstehe und dieser die Absicht geäußert habe, ihm Verantwortung anzuvertrauen, wobei er sein ursprüngliches Gehalt verdoppeln würde.
Im vierten Brief kündigte er ihr in euphorischem Ton an, er sei seines Schwagers rechte Hand geworden und dieser könne nicht mehr auf ihn verzichten. Nun habe er seine Wahl getroffen: Er werde für immer auf Kuba leben und schicke sich an, eine geräumige Wohnung im Zentrum der Hautpstadt zu mieten, ganz in der Nähe der Geschäfte La Verdad, die nun im ehemaligen Wohnhaus von General Gomez eingerichtet seien.


 

 

5. Qui sont nos voisins ?

 
Contrairement à ce que l’on croit partout dans le monde, les Allemands d’aujourd’hui ne travaillent pas plus que les autres peuples. Ils travaillent même plutôt moins. Moins que les Français en tout cas. Ils travaillent moins en nombre d’heures totales, moins en nombre de semaines par an.
Non contents de travailler moins, ils se déclarent également moins acharnés au travail que les Français. Ils privilégient même explicitement ce qu’il est convenu d’appeler les loisirs : 34% seulement des Allemands interrogés (contre 60% des Français) considèrent leur travail comme « très important ». Ils sont en revanche 39% (contre 31% des Français) à déclarer que leurs loisirs sont très importants pour eux. De quoi remettre en question le stéréotype bien ancré de l’Allemand qui vit pour travailler, alors que le Français travaillerait pour vivre.
Du point de vue de la réalisation personnelle, travail et loisirs sont d’ailleurs moins pensés comme antagonistes qu’en France. Ce n’est qu’en apparence un paradoxe. Le travail est et reste pour les Allemands une valeur fondamentale ainsi qu’un mode de réalisation de l’individu.
 

Béatrice Durand,
« Cousins par alliance, Les Allemands en notre miroir », 2002
 

 
Wer sind unsere Nachbarn ?

 
Entgegen der Meinung, die überall in der Welt verbreitet ist, arbeiten die Deutschen heutzutage nicht mehr als die anderen Völker. Sie arbeiten sogar eher weniger. Jedenfalls weniger als die Franzosen. Sie arbeiten weniger, was die Gesamtzahl der geleisteten Arbeitsstunden angeht, und auch weniger im Hinblick auf die Jahresarbeitswochen.
Sie begnügen sich aber nicht damit, weniger zu arbeiten: Sie geben auch offen zu, sie seien weniger auf Arbeit erpicht/versessen als die Franzosen. Sie bevorzugen sogar ganz eindeutig, was man Freizeit zu nennen pflegt: Nur 34 Prozent der befragten Deutschen (dagegen 60 Prozent der Franzosen) stufen ihre Arbeit als „sehr wichtig” ein. Dabei erklären 39 Prozent der Befragten (nur 31 Prozent in Frankreich), ihre Freizeit sei sehr wichtig für sie: Grund genug, das tief verankerte Stereotyp in Frage zu stellen, wonach der Deutsche lebe, um zu arbeiten, während der Franzose arbeiten würde, um zu leben.
Im Hinblick auf die Selbstverwirklichung werden übrigens Arbeit und Freizeit weniger als in Frankreich als gegensätzlich angesehen. Nur scheinbar ist es paradox. Arbeit ist und bleibt für die Deutschen ein Grundwert, sowie ein möglicher Weg zur Selbstverwirklichung.

 

6 Vivre dans la pauvreté

 

Elles ont pris l’habitude de venir presque chaque jour, après l’école. Afin de rester avec Xénia, Ethel mentait un peu. Elle disait qu’elle allait chez son amie, pour l’aider à faire ses devoirs de français. Jamais Xénia ne l’avait invitée chez elle. A vrai dire, Ethel ne savait même pas où elle habitait. Une ou deux fois, elles avaient marché ensemble jusqu’à la rue de Vaugirard, et Xénia avait vaguement montré la descente : « Voilà, j’habite par là. »

Ethel comprenait qu’elle ne voulait pas qu’on sache l’état de leur détresse, leur logement pitoyable. Un jour qu’elle parlait de l’endroit où ele vivait, elle avait dit en ricanant un peu : « Tu sais, notre appartement, c’est comme un hangar, c’est si petit qu’on roule les matelas chaque matin pour pouvoir marcher. »

Ethel avait honte d’être riche, d’habiter un grand appartement au rez-de-chaussée, d’avoir une chambre pour elle, avec une porte-fenêtre qui s’ouvrait sur un jardin fleuri. Elle enviait l’existence de Xénia, sa sœur avec qui elle dormait, leur logement étroit, les bruits de voix. Elle imaginait l’atmosphère d’une vie d’aventures, les difficultés d’argent, la quête des moyens de survivre. […]

 

J.M.J. Le Clézio,

Ritournelle de la faim, Gallimard

 

In Armut leben

 

Sie haben sich daran gewöhnt, fast jeden Tag nach dem Schulunterricht herzukommen. Um mit Xenia zusammenbleiben zu können, erzählte Ethel kleine Lügen. Sie sagte, sie wolle zu ihrer Freundin gehen, um ihr bei den Französischaufgaben zu helfen. Xenia hatte sie kein einziges Mal zu sich nach Hause eingeladen. Eigentlich wussste Ethel nicht einmal, wo sie wohnte. Ein- oder zweimal waren sie zusammen bis zur rue de Vaugirard gegangen, und Xenia hatte nur vage auf die absteigende Straße hingedeutet: „So, ich wohne drüben.”

Ethel begriff, dass sie nicht wollte, dass man darüber Bescheid wusste, in welcher Not sie lebten und wie armselig ihre Behausung war. Eines Tages, als sie vom Ort sprach, in dem sie lebte, hatte sie mit einem leichten Grinsen gesagt: „Weißt du, unsere Wohnung ist eine Art Schuppen, es ist so klein, dass man jeden Morgen die Matratzen zusammenrollen muss, um sich dort bewegen zu können.”

Ethel schämte sich, reich zu sein, in einer weiträumigen Wohnung im Erdgeschoss zu leben, ein Schlafzimmer für sich allein zu haben, dessen Fenstertür sich auf einen blumenreichen Garten öffnete. Sie beneidete Xenia um ihr Leben, um  deren Schwester, mit der sie im selben Bett schlafen musste, ihre engräumige Wohnung, in der man laute Stimmen vernahm. Sie versuchte sich die Stimmung eines abenteuerlichen Lebens, die Geldknappheit und die Suche nach Überlebungsmitteln vorzustellen…

 

7 Un café à Vienne

 

Elle est entrée dans le café enfin. Des paquets à la main. Radieuse. Si belle. La souplesse de ce corps de danseuse.

- Où étais-tu passée ? Je commençais à être un peu inquiet…

- Oh, excuse-moi… Je me suis attardée dans les magasins… Une librairie, tout près d'ici…

Il a regardé ce qu'elle avait acheté. Un livre sur Egon Schiele, un autre sur les dessins de Dürer conservés à l'Albertina.

- Tu deviens viennoise, à ce que je vois…

- J'essaie, j'essaie… J'adore cette ville…

- Parce que tu viens d'arriver… Moi, tu sais, j'ai pour Vienne des sentiments beaucoup plus ambigus…

- Qu'est-ce que c'est, au fait, ce café?

- Le Braunerhof ? Mon dernier repaire… Celui où je viens lire le journal, rencontrer les copains de l'orchestre… On peut y déjeuner, aussi, à midi, c'est commode… Tu sais, à Vienne, chaque café a sa personnalité… Il faut savoir en changer… Le Havelka, par exemple, a perdu tout son charme, depuis quelques années… Maintenant, c'est rempli de touristes, d'étudiants, très bruyants… Le Sperl, lui, est devenu un peu triste… déserté…

Guy Scarpetta,

La suite lyrique, Paris, Grasset, 1992

 

Ein Wiener Café

 

Endlich hat sie das Kaffeehaus betreten. Mit Paketen in der Hand. Strahlend. So schön. Und wie geschmeidig, dieser Körper einer Tänzerin!

- Wo bist du denn geblieben? Ich wurde langsam um dich besorgt…

- Oh, Verzeihung, ich habe mich etwas länger in den Geschäften aufgehalten… In einer Buchhandlung, die ganz in der Nähe ist…

Er sah nach, was sie gekauft hatte. Ein Buch über Egon Schiele, ein anderes über die Zeichnungen Dürers, die in der „Albertina” aufbewahrt sind.

- Du wirst Wienerin, wie ich sehe…

- Ich versuch's wenigstens… ich habe diese Stadt unheimlich gern…

- Weil du erst seit kurzer Zeit hier bist… Ich aber empfinde Wien gegenüber viel mehr gemischte Gefühle, weißt du…

- Was ist das eigentlich für eine Gaststätte, dieses „Café”?

- Der Braunerhof? mein jüngstes Stammlokal… dasjenige, in dem ich die Zeitung lesen und Kameraden vom Orchester treffen kann… Hier kann man auch zu Mittag essen, es ist praktisch… Weißt du, in Wien hat jedes Café seine eigene Note… Man soll nicht zögern, sich ein neues auszuwählen… Das Havelka, zum Beispiel, hat seit einigen Jahren seinen Reiz völlig verloren… Nun ist es voll von Touristen und Studenten, die einen heillosen Lärm machen… Und das Sperl ist etwas traurig geworden, wird kaum besucht…

 

 

 

 

 



 





 




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